La Mano Negra

Cette photo a ete realisee en juin 1990
lors d'un concert au profit du Comite des Mal Loges
dans les locaux de l'Unesco a Paris.
La notoriete grandissante de la Mano Negra
(Babylon Fighters etait egalement de la fete)
avait rameute un gros paquet de monde
et tous ne pouvaient rentrer.
La secu de l'Unesco etait deboussolee
dans cette salle pleine de pupitre
ou le public s'agglutinait partout.

Aujourd'hui les mal loges sont aussi pour certains Sans papiers, et Manu Chao
a sortit un des meilleurs albums de 98. Il a aussi participe a celui d'Amparanoia,
groupe madrilene qui vient de publier son 2eme album. Thomas a monte P18,
experimentant une latino jungle entendue sur la compil Rumours of war en soutien
aux Zapatistes.
L'album Urban Cuban vient de sortir. Daniel a joue avec les Tontons Flingueurs.
On le retrouve dans P18 et Flor Del Fango, tout comme Phil "Garbancito"
qui avait suivit Manu dans Radio Bemba. Jo est devenu le second gratteux
des inenarables Wampas. Kropol a joue avec les Tetes Raides et Marousse
et figure sur le nouveau disque des Castafiores Bazooka.
Santi, apres l'aventure Marousse, a pris la direction de Polygram editions.
Seul Tonio nous laissait sans nouvelles, le voila reapparut en DJ Toni Tchao,
animant recement le festival Les Mediteranneennes. L'histoire de la Mano Negra
est avant tout celle de Manu Chao, un gamin de Sevres, fils d'exile espagnol,
dont le pere est journaliste a RFI. Avec divers groupes de r'n'b, mais surtout
avec les Hot Pants qui reuni deja le cousin Santi, Manu deverse tout le rock'n roll
et le rythm'n'blues dans le chaudron hispanique :
flamenco, salsa, ska, musique arabe et chanson française. Ainsi nait la Mano Negra fin 87
autour de musiciens venus preter main forte au projet de Manu
(Casse-Pieds, Dirty District, Chihuahua...).
La suite va tres vite : l'album Patchanka sort en 88 chez Boucherie Production
(Manu jouant aussi avec François Hadji Lazaro dans Los Carayos)
et pulverise les ventes du label.
La signature chez Virgin en 89 pour Puta's fever fait hurler a la trahison les alternatifs.
Mais la Mano prouve s'il en ait besoin son integrite et son attachement
au terrain durant 2 ans de tournees incessantes dans de petites salles,
a Pigalle, en Europe, en Amerique du sud, aux Etats Unis.
C'est la furious fiesta a coup de Mala vida, Sidi h'bibi et autre King Kong five.
Des sets embrases, livres avec une ambiance sismique
ou l'energie du groupe fusionne celle du public.
Pas de Zenith, mais une tournee des banlieues pour la sortie de King of Bongo en 91.
Manu, Santi, Jo, Daniel, Kropol, Tonio, Thomas et Phil sont consacres aussi vite disque d'or,
et les albums se vendent autant a l'etranger qu'en France. Rare phenomene.
La Mano tient le cap et s'engage avec l'asso Caravane des Quartiers
sur le terrain du social : pas de discours, de l'action.
En 92, le groupe s'embarque avec le Royal de Luxe et Decoufle pour Cargo 92,
un chaotique spectacle itinerant a travers l'Amerique latine, une contre celebration
des 500 ans de la decouverte des Ameriques. Une maniere aussi de fuir les projecteurs.
Blindee par cette initiatique escapade, la Mano revient avec un live enregistre au Japon,
brut et sans fioritures.
Et deja Manu repart en 93 avec quelques autres pour un projet fou en Colombie :
Un train de feu et de glace relate dans un livre par son pere, une aventure humaniste
incroyable mais qui pose deja les fractures au sein du groupe.
En 94 le groupe a maquette plus de 60 titres dans differents studios a travers le monde.
Rejoint par Fidel, chanteur argentin, la Mano enregistre Casa Babylone, album hispanique.
Un autre disque reunissant des titres en français est annonce.
Parallelement le groupe et deux graphistes peaufinent, dans sa base du 18eme,
le boukin racontant en images-collages et picture-disc leur saga vue de l'interieur.
Comme si l'histoire se refermait ! Effectivement, alors que Santa Maradona
est un drole d'hymne pour la Coupe du Monde de foot 94, le groupe ne joue qu'avec Caravane,
avant de se dissoudre officieusement et sans tapage. Devenu plus un collectif,
l'histoire continue en Radio Bemba, tribu d'ex et de nouveaux menee par Manu,
de Galice en Irlande, durant deux annees. L'histoire s'arrete-t-elle la ? Oui et non.
La Mano Negra a ouvert des portes, anticipee le declin de l'egemonie du rock anglo saxon,
retabli l'equilibre du sud tiers mondiste, du grand mix planetaire,
de la sensualite tribale a l'espoir zapatiste.
La Mano a etabli un fonctionnement different, relaye depuis par Noir Desir ou Zebda.
Sur qu'apres ce condense explosif de vie a 100 a l'heure,
le groupe ne pouvait qu'etre un meteor dans notre ciel.
Un joyeux feu sans artifice, placarde en couleur jaune et sang sur nos murs et dans nos coeurs.
Une fiesta bariolee.
Max Well ............................................................................................................................................................................................